Ergonomie cognitive

mardi 12 avril 2011
par Philippe GOULOIS
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Notes de cours

De quoi parle t-on ?

La psychologie cognitive étudie les grandes fonctions psychologiques de l’être humain que sont la mémoire, le langage, l’intelligence, le raisonnement, la résolution de problèmes, la perception ou l’attention. Plus généralement la cognition se définit comme l’ensemble des activités mentales et des processus qui se rapportent à la connaissance et à la fonction qui la réalise. La psychologie cognitive part du principe que l’on peut inférer des représentations, des structures et des processus mentaux à partir de l’étude du comportement. Contrairement au béhaviorisme, elle défend que la psychologie est bien l’étude du mental et non du comportement. À la différence des autres courants mentalistes, elle ne pense pas que l’introspection soit une voie d’accès particulièrement fiable pour explorer le mental. [1]

Notions de base

La psychologie cognitive utilise préférentiellement l’expérimentation et les mesures comportementales qui comprennent notamment la mesure de temps de réaction (TR), ou du temps nécessaire à une opération (temps de réalisation de la tâche, temps d’exposition en lecture), la précision de la réponse (par exemple taux de bonnes ou mauvaises réponses), ou même l’oculométrie cognitive ou des données physiologiques (imagerie fonctionnelle, potentiels évoqués, etc.) La modélisation informatique y joue également un rôle important. Certains chercheurs se consacrent à l’étude de l’architecture cognitive. On trouve ainsi des expériences visant à élucider les différents « modules » qui prennent en charge les grandes fonctions de la cognition. Ces distinctions ne recouvrent pas nécessairement des unités cérébrales identifiées, mais correspondent plutôt à des entités fonctionnelles pouvant mobiliser une variété de structures cérébrales distinctes. Par exemple dans la mémoire, avec la distinction entre mémoire de travail et mémoire à long terme. On rencontre aussi différentes mémoires sensorielles, ou encore la distinction entre mémoire sémantique et mémoire épisodique. La psychologie cognitive travaille également avec le concept d’association. D’autres chercheurs s’emploient à décrire les stratégies mises en place par les individus pour traiter les tâches de la vie quotidienne, tâches de résolution de problème, prise de décision, ou même tâches professionnelles (diagnostic médical, contrôle aérien, mémorisation chez les garçons de café, etc.). La psychologie cognitive trouve ainsi de nombreuses applications, notamment en ergonomie cognitive ou en marketing. En 2002, Daniel Kahneman, un psychologue cognitiviste de la décision, a reçu le « Prix Nobel » d’économie.

Régulation des conduites

"processus par lequel un mécanisme ou un organisme se maintient dans un certain état d’équilibre ou modifie son fonctionnement pour s’adapter aux circonstances."

Image opérative

"Selon les objectifs de la tâche, les sujets développent une représentation de l’objet à traiter, laconique et déformée fonctionnellement, qui est plus adaptée à la tâche qu’une représentation "objective". Cette image opérative est définie comme une structure informationnelle spécialisée, qui se forme au cours de telle ou telle action dirigée sur l’objet." (Ochanine), (Spérandio 1984)

Méthodes de base

- observation, entretien, expérimentation, étude des traces de l’activité (ou comportements)

Les traces sont spontanées de l’activité du sujet qui réalise la tâche ou provoquées par l’analyste.

Mise en relation sémantique

Processus par lequel des relations et contraintes importantes dans un système sont reportées sur les relations visuelles et graphiques dans un affichage. "Une bonne mise en relation sémantique signifie que les états du système (normaux et anormaux), les relations et les contraintes peuvent aisément être perçus."

Ajustement aux contraintes

"L’hypothèse de l’ajustement aux contraintes (constraint attunement hypothesis) [...] prévoit un avantage mnémonique pour l’expert dans les cas où il y a des contraintes appropriées par rapport au but (c’est à dire des relations pertinentes pour le domaine), que l’expert peut exploiter pour strucutre le matériel à rappeler, et prévoit également que, plus il y a de contraintes disponibles, plus l’avantage dû à l’expertise doit être grand. Dans le cas d’événements entièrement aléatoires, il n’y a aucune contrainte et par conséquent un avantage dû à l’expertise ne saurait être attendu."

D’après TERRIER Patrice, 2006, "L’ergonomie cognitive", in GAONAC’H Daniel, Psychologie cognitive et bases neurophysiologiques du fonctionnement cognitif - Nouveau cours de psychologie Licence, Paris : PUF, pp.450-459.