Souffrance au travail, un vécu psychique

mercredi 30 mars 2011
par Philippe GOULOIS
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Définition

Définition descriptive de la souffrance "La souffrance est un état intermédiaire entre un état de bonne santé et la maladie décompensée".

Définition de la bonne santé ?

"La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité."

La santé est un concept qui, pour être signifiant, doit être qualifié : « on est en bonne ou en mauvaise santé, il est de santé fragile ou robuste ». De fait, la santé ne peut être un état mais une fluctuation, un moment de santé à définir.

La santé parfaite n’existe pas !

Elle est un « idéal jamais atteint » et chacun remédie à ses imperfections, avec les moyens les plus adaptés possibles, tentant de maintenir un équilibre, certes précaire, mais néanmoins acceptable.

La santé relève de l’équilibre et d’un sentiment d’harmonie à jamais instable.

Christophe DEJOURS introduit, corrélativement à la notion de santé, celle de normalité.

La normalité (voir article) correspond à un état où les maladies sont stabilisées et les souffrances compensées. Cette normalité, non exempte de souffrances, est sans cesse à conquérir, dans une lutte active et la mise en œuvre de défenses contre l’expression de la maladie du côté du corps et/ou du psychique.

« Dans cette perspective, la normalité et a fortiori la santé, ne sont pas des états passifs … Dans cette perspective toujours, la maladie serait, par opposition à la santé, plutôt du côté de la passivité … du pathique, du subi. Les maladies ne demanderaient qu’à s’exprimer dans le corps et le fonctionnement psychique, dès lors que la lutte et les défenses s’affaiblissent ou deviennent inefficaces face à un changement de l’environnement. »(C. DEJOURS, Comment formuler une problématique de la santé en ergonomie et en médecine du travail ? Le travail humain, tome 58, n°1, 1995, p. 3).

On peut considérer qu’il existe 2 types de souffrances

Souffrance normale et une souffrance pathogène
- Une approche Freudienne reposerait sur une distinction entre différentes sources de souffrance et sur une distinction entre "souffrance normale" et une souffrance que l’on peut dire anormale, la seconde consistant en une transmutation de la première. La souffrance est, en effet, une grandeur dynamique et, à chacune des étapes de sa transformation, c’est à une imbrication de facteurs sociaux et psychiques.
- Pour Christophe DEJOURS «  La souffrance au travail, c’est le vécu qui surgit lorsque le sujet se heurte à des obstacles insurmontables et durables, après avoir épuisé toutes ses ressources pour améliorer l’organisation réelle de son travail vis-à-vis de la qualité et de la sécurité. En d’autres termes la souffrance pathogène commence lorsque le rapport du sujet à l’organisation du travail est bloqué. » [1]

- 1/ La souffrance "normale" Participe à la construction de notre santé mentale. Ce à quoi nous sommes confrontés (à nos limites, dans des conflits) permet de se construire car l’homme ne peut rester contraint, il aspire à la liberté. C’est cette sédimentation des expériences permet de construire nos propres expériences, et participe ainsi à la construction identitaire.. Onthogène de la souffrance


[1] C. DEJOURS. P. MOLINIER (1994) Le travail comme énigme Revue Sociologie du travail 38, n° hors série 94, p. 147