La règle des trois appuis

dimanche 30 janvier 2011
par Philippe GOULOIS
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L’intervention se fait dans un contexte particulier ou se confrontent des points de vue singuliers sur le Travail

« Pour transformer les situations, de travail, l’ergonome contribue à transformer des personnes en mettant en circulation dans l’interaction sociale, d’autres descriptions du travail, que celles qui prévalaient jusque là » F.Danielou

Une re-présentation des comportements (au sens de l’activité) d’opérateurs dans une situation de travail donnée, et permettant d’agir sur cette situation (M De Montmollin)

La démarche ergonomique repose sur une règle dite "des trois appuis" qui lui permettent un méthodologie industrielle, c’est-à-dire à la fois rigoureuse, pragmatique et reproductible
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1/ Approche systémique

L’homme, le poste de travail, l’entreprise, sont des systèmes. Dans la situation de travail, l’ergonome intervient en prenant en compte l’ensemble du système (les hommes, la technique, le social...) pour appréhender avec un maximum de précision l’ensemble des interactions entre variables ayant une influence sur la sécurité, la santé des salariés et sur la production et la perennité de l’entreprise. Pour simplifier, on peut dire que l’ergonome lors de son intervention prend en compte plusieurs dimensions de l’activité humaine :
- La dimension instrumentale : c’est-à-dire les choix techniques et économiques, la stabilité du processus, les variabilités, …
- La dimension opérationnelle : cela recouvre l’ensemble des opérations mises en place par le salarié pour son activité (en réponse notamment aux choix techniques et aux résultats attendus). Cela concerne à la fois les éléments observables et les éléments inobservables de son comportement au travail(mise en place des savoir-faire - capacités opérationnelles, compétences), des schémas stratégiques de planification des activités, etc …).
- La dimension temporelle : la prise en compte à la fois des éléments micro temporels (les histoires personnelle, collective, d’entreprise) et les éléments macro-temporels (évolutions des métiers, des compétences, des collectifs, des contenus du travail et de ses contraintes, l’état de santé passé, actuel et futur, la démographie, … )
- La dimension existentielle : la nécessité fondamentale de reconnaissance dans son travail puisque dans nos sociétés le travail est le point central de construction de l’identité sociale (même si au niveau des solutions, il a peu de chose à proposer à ce niveau là).

2/ L’utilisation de modèles

Chaque acteurs de la situation de travail a son propre "modèle" du réel, sa propre vision. L’ergonome doit dans un premier temps être en capacité de repérer ces différents modèles, d’en repérer les différences (notamment la distinction entre :
- la tâche, c’est-à-dire ce que l’on demande à l’opérateur de faire, avec quels moyens, en suivant quelles procédures, et en respectant quelles contraintes...
-  l’activité, compromis fait par l’opérateur entre règles de sécurité et nécessités de la performance...) pour atteindre les buts fixés par la tâche.

Cette différence entre tâche et activité est fondamentale dans l’intervention ergonomique. Alors que les entreprises connaissent bien leurs référentiels, c’est-à-dire ce qui normalement doit être réalisé, l’ergonome peut construire son propre modèle de l’activité qui lui permet entre autres de :
- Réduire le nombre d’informations et le champ d’intervention
- Décrire : le modèle peut être un moyen d’avoir des données chiffrées
- Expliquer les éléments difficilement compréhensibles pour les non spécialistes
- Simuler : le modèle peut être un moyen de de faire des simulations notamment pour préparer les futurs transformations du travail.

3/ Les représentations mentales

Tous les acteurs, des situations dans lesquels l’ergonome peut être amené à travailler, ont une représentation de la situation, de la problématique voire des solutions. Les représentations mentales déforment la réalité, l’interêt pour l’intervenant est donc de voir ces déformations, de les analyser et de les comprendre. Elles servent souvent aux acteurs à se construire une image opérative (c’est-à-dire une image des action à mener), il est donc important de les prendre en compte lors de la transformation du travail. Elles font partie des éléments du changement.