Comment caractériser le travail ou comment rémunérer le travail ?

dimanche 23 janvier 2011
par Philippe GOULOIS
popularité : 100%

Taylor et Karl Marx ont ceci en commun, qu’ils ont chacun essayer de caractériser le travail. Cette question est centrale lorsque l’on souhaite réfléchir sur les RPS, notamment lorsque l’on évoque la reconnaissance. Quelle est la valeur d’échange du travail de mon salarié ? Est-ce le contenu du travail (temps de cycle), comment "l’intégrer" dans prix de revient unitaire PRU de la pièce ou service à produire ?

Ce que dit TAYLOR, "The One Best Way"

Ce que dit Karl Marx, dans le Capital
- Karl Marx, dans le Capital, reprend et critique en profondeur la théorie ricardienne de la valeur «  La valeur diffère donc essentiellement de la richesse car elle ne dépend pas de l’abondance, mais de la difficulté ou de la facilité de production. » et en déduit les caractères propres du capitalisme :

- Partant d’Aristote, et du fait que la production marchande repose sur la division du travail, Marx montre qu’une marchandise est d’abord objet d’utilité, non pour celui qui la produit, mais pour celui qui la désire. Ceci posée la valeur du travail ou, plus exactement, la quantité de travail socialement nécessaire à la production d’une marchandise devient l’étalon de comparaison des valeurs des marchandises entre elles, aucun producteur n’acceptant de se séparer de sa production s’il n’est pas convaincu qu’il verra son travail rétribué à sa "juste valeur", autrement dit, s’il n’a pas le sentiment que son effort est rétribué en fonction du temps et de la peine qu’il lui aura coûté. Un travail qui ne permet pas de subvenir à ses besoins réels, un travail pour lequel on dépense plus d’énergie et de richesse qu’on en (re)constitue n’est ainsi qu’un travail socialement inutile .
- Les travailleurs cèdent leur force de travail pour un temps déterminé, leur salaire correspond alors au "minimum vital" permettant de reconstituer leur force de travail (nourriture, vêtements, logement,mais aussi repos, éducation, culture, ce minimum étant un produit des conditions historiques, sociales et culturelles, plus que le minimum nécessaire pour survivre). Ainsi dans le modèle capitaliste, la force de travail est masquée par une fiction qui en fait une marchandise. Le résultat de cet usage de la force de travail est le « surtravail ». En effet la quantité de travail nécessaire à la reproduction de la force de travail (c’est-à-dire le labeur nécessaire à la création des biens de subsistance, de formation etc...) est inférieure au labeur imposé par les capitalistes aux travailleurs. La différence entre le travail effectivement accompli et le travail effectivement rémunéré constitue la « plus-value » (origine du profit), résultante de l’exploitation du travailleur par le détenteur du capital, du prolétaire par le bourgeois.
- seul le travail est source de la valeur, alors le système capitaliste est condamné. En effet, plus l’histoire économique avance, plus s’accroît le volume du capital au détriment du volume de travail (substitution capital/travail). Cette augmentation de l’intensité capitalistique de la composition organique du capital conduit à la « baisse tendancielle du taux de profit », étant donné que le capitaliste n’est capable d’exploiter que le travailleur (avec la plus-value), et nullement la machine.
- Cependant, pour des auteurs comme Guy Debord, le capitalisme a trouvé la parade : pour maintenir la nécessité de travailler, il a fallu créer de faux besoins : d’où la société du spectacle avec son armée de l’« arrière travail ». Ces faux besoins maintiennent les individus dans la "survie augmentée"6. Les penseurs de l’École néoclassique comme William Jevons, Carl Menger et Léon Walras proposent d’autres modèles en remettant en cause la théorie de la valeur travail au profit de la conception subjective de la valeur. Selon eux, la valeur des choses dépend de l’utilité marginale qu’elles procurent, utilité qui varie selon chaque individu.
- Selon Jean-Marie Harribey, le refus de la valeur-travail par la science économique officielle, trahit une confusion entre valeur d’usage et valeur d’échange7 et serait destiné à masquer les rapports d’exploitation propre à la sphère de la production. La valeur-travail correspond à la valeur substantielle de la marchandise alors que la valeur d’échange est une valeur phénoménale.